Le jardin a été une catastrophe cette année. Le printemps avait pourtant été prometteur. Il avait bien plu. Nous étions arrivé à préserver les jeunes pousses des chevreuils. Les plantons avait démarrés du tonnerre. Globalement nous étions contents. Surtout que l'année précédente avait été fort peu productive : quasiment aucune récolte dans mes souvenirs. Il avait tellement plu que les limaces avaient proliféré et grignoté tout sur leur passage. Le mildiou s'était chargé du reste, cramant les feuilles de tomates, celles des courgettes, jusqu'à la menthe et à la mélisse, deux plantes vivaces pourtant increvables. La bataille avait été rude, mais elle était perdue d'avance. Même un de nos mûriers a rendu l'âme. Et puis il faut dire que nous ne faisons pas partie de ces gens qui vivent de la terre. L'énergie investie n'est pas celle du désespoir. Nous, nous cultivons quelques fruits et légumes pour la beauté du geste, notre gagne-pain ne dépend pas de la météo. Je n'ai pas à scruter les orages de grêle ni à allumer des feu pour protéger les bourgeons du gel, ni à faucher mes champs en plein milieu de la nuit. "Et cette terre, aux gens de la ville, qu'il est difficile, d'en faire un jardin" chante Maxime Piolot...d'où mon respect grandissant pour les paysans, vignerons et autres maraîchers, même si je viens d'une famille qui depuis des générations, produit une partie de ses denrées alimentaires toute seule.
Mon arrière-grand-mère paternelle d'ailleurs avait une ferme et mon père se souvient encore de la neige teintée de rouge lorsqu'on tuait le cochon. Je viens d'un petit village, et l'esprit d'une certaine autonomie alimentaire n'est jamais loin.
L'année était prometteuse donc, mais nous avons déchanté en revenant de vacances. Nous habitons un hameau au pied du Suchet et même à 800 m d'altitude, tout était jaunis. Un soleil brûlant avait transformé l'herbe en paille. Les pâturages ressemblaient un peu à la pampa argentine. Les vaches n'ont pas beaucoup quitté l'étable cette année, faute de nourriture. J'avoue que ça nous a fait peur. Au jardin le tableau n'était pas bien reluisant. Mon beau-père avait vaillamment essayer de sauver quelques légumes et consciencieusement arroser nos fruitiers encore jeunes, mais les reste avait séché sur place. Il ne restait rien des cassis, raisinets et autres groseilles encore gonflés de promesses il y a de cela deux semaines. Je n'avais encore jamais vu des petits fruits rabougris à même l'arbuste, faute d'eau et les feuilles tombées à terre comme un automne en plein mois d'août.
Cette recette est celle des quelques rescapés, récoltés avant notre départ.
Elle a beau être née dans des circonstances plutôt sombres, cette recette n'en est pas moins délicieuse. Le cobbler est l'équivalent américain du crumble. Une belle couche de fruits, et une pâte un peu plus levée, moelleuse à l'intérieur et croustillante à l'extérieur. Je rêvais de réaliser un cobbler depuis la lecture de "Sweet Mama Cafe". C'est maintenant chose faite. De tout cela nous retiendrons la résilience.
(Pour 4 personnes)
100g de farine
80 g de sucre de canne
1 c. à c. de poudre à lever
50 g de beurre
60 ml de lait
1/4 de c. à c. de cannelle
1 c. à c. de sucre
2 pincées de sel
10 g de sucre
230 g de mûres
210 g de myrtilles
170 g de cassis
1 peu de beurre pour le moule
Laver brièvement les baies, les égoutter. Mélanger avec la cuillère à café de sucre et les disposer au fond d'un plat à four beurré. Pour la pâte, sabler le beurre avec la farine, le sucre, le sel. Ajouter la cannelle ainsi que la poudre à lever et mélanger. Verser le lait et mélanger brièvement en une pâte un peu épaisse. À l'aide d'une cuillère à soupe, prélever des quenelles de pâte et les disposer sur les fruits. Saupoudrer avec le sucre blancs et enfourner 45 minutes dans un four préchauffé à 180° chaleur tournante. Le cobbler doit être légèrement doré. Si vos fruits sont un peu acides, vous pouvez rajouter un peu de sucre, mais gardez à l'esprit que la pâte est assez sucrée. Le cobbler peut être réalisé avec n'importe quels fruits. La quantité est donné pour un plat du type de la photo, pour un plat type plat à lasagnes, doubler les quantités.
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